Au cours du mois dernier, Vitalik Buterin a été interviewé par Time Magazine et a exprimé ses inquiétudes concernant les cryptomonnaies. Il craint que “les investisseurs trop acharnés, les frais de transaction élevés et les étalages publics de richesse ne dépassent ce qu’il espère créer” : une économie numérique plus égalitaire.
Des visions qui s’opposaient dès les débuts d’Ethereum
Ethereum a été fondée par Vitalik Buterin, et sept autres développeurs, dont Charles Hoskinson. C’est la première blockchain permettant de développer des applications décentralisées. On parle alors de blockchain de « seconde génération » du fait des spécificités qui sous-tend le fonctionnement de cette dernière, à savoir, sa capacité à permettre la création d’applications décentralisées.
Après un certain temps, il est devenu évident que le groupe avait des plans très différents pour cette nouvelle technologie.
Tandis que Vitalik Buterin voyait le projet rester comme tel avec un code « open source » et une infrastructure décentralisée à but non lucratif, Charles Hoskinson, et les 7 autres développeurs, voulait que le projet fonctionne comme une réelle société et soit à but lucratif. Vitalik Buterin souhaitait une plateforme ouverte décentralisée sur laquelle n’importe qui pourrait construire n’importe quoi – d’autres suggéraient d’utiliser cette technologie afin de créer une entreprise.
Ainsi, mi-2014, Charles Hoskinson a quitté le projet et fondera en 2017, la blockchain Cardano. Une blockchain qui a les mêmes fonctionnalités, mais qui diffèrent au niveau du système de sécurisation et de validation des opérations. On nous précise d’ailleurs dans le compte rendu de l’interview que d’autres lui ont emboîté le pas, pour construire des blockchains en parallèle et se placer en tant que concurrents directs d’Ethereum.
C’est alors que le co-fondateur d’Ethereum, âgé de 28 ans, est devenu une figure importante du développement d’Ethereum.
Dans cette interview, des faits marquants liés au parcours de Vitalik Buterin sont évoqués. L’entretien le dépeint comme un leader pragmatique adoptant une approche peu conventionnelle pour résoudre les problèmes qui ont un impact sur la communauté.
Il a utilisé son blog personnel au fil des années pour plaider en faveur des solutions techniques liées au développement d’Ethereum et résolvant des problèmes actuels. Également, d’après ce que l’on peut lire dans cette interview exclusive de Time magazine, ses analyses sur le logement, les systèmes de vote, la distribution des biens publics – toutes choses que la blockchain pourrait résoudre.
Le dilemme de la décentralisation dans l’univers crypto
La blockchain Ethereum a été conçue pour être une plateforme décentralisée répondant non seulement à sa propre vision, mais aussi à celle des personnes faisant partis de l’écosystème. Ainsi, la blockchain est façonnée non pas par lui seul, mais collectivement, par les développeurs, les projets qui y émergent et les investisseurs.
Il craint que des individus qui ne recherchent que la cupidité profitent de cette nouvelle technologie “tout autant que n’importe qui d’autre en bénéficie dans un sens positif au risque d’imposer une vision et un fonctionnement qui n’imagine pas pour Ethereum et plus largement pour la cryptographie”.
Après avoir activement participé à l’effort collectif pour la protection des citoyens dans le conflit Russo-ukrainien à hauteur de centaines de milliers de dollars, Vitalik Buterin décide de prendre les devants et d’être plus actif dans le rôle de leader qu’on lui reconnaît depuis le lancement de la blockchain Ethereum en 2015.
“L’une des décisions que j’ai prises en 2022 est d’essayer d’être plus audacieux et moins neutre”, déclare Vitalik Buterin au magazine Time. “Je préférerais qu’Ethereum offense certaines personnes plutôt que de se transformer en quelque chose qui ne représente rien.” a-t-il confié.
Lorsque le magazine Time l’interpelle sur les inégalités qui se sont installées dans la crypto, notamment sur le manque de diversité de genre et d’origine ; il répond : “ce n’est pas une des choses sur lesquelles j’ai mis beaucoup d’efforts intellectuels”, au magazine Time à propos de la parité hommes-femmes.
Les experts en cryptomonnaie éprouvent, également, des sentiments mitigés face à la hausse des frais de transactions et au changement de culture opéré par la coconstruction de ce véritable écosystème au fil des années. Les utilisateurs quelque part, frustrés, par des cryptomonnaies comme le bitcoin se sont retournés vers de nouvelles blockchains pour bénéficier de meilleurs frais de transaction et d’autres caractéristiques comme Solana ou BNB Chain par exemple.
Malgré ses inquiétudes, Vitalik Buterin trouve légitime qu’il en soit ainsi, notamment sur la blockchain Ethereum vu que la hausse des frais de transactions sur Ethereum n’est que la résultante du trop grand nombre d’utilisateurs. Le cofondateur reste optimiste pour la suite et compte bien contribuer davantage à façonner une certaine philosophie de fonctionnement et d’utilisation pour une économie numérique plus égalitaire.
Source : Time Magazine
Changement d’appellation : « Ethereum 2.0 » devient « Consensus Layer »