La révolution numérique a entraîné des changements importants dans divers secteurs, dont celui de la finance. L’actualité récente met en évidence l’ampleur de ces changements. La tokenisation des actifs numériques est une tendance particulièrement prometteuse qui gagne du terrain.
Cette utilisation innovante de la cryptographie permet de représenter des actifs réels sous forme de jetons numériques. Cette évolution présente des opportunités intéressantes pour les investisseurs et les institutions financières qui reconnaissent son potentiel à révolutionner l’économie mondiale.
La tokenisation consiste à représenter des actifs tangibles, tels que des œuvres d’art, des biens immobiliers ou des matières premières, sous forme de jetons numériques sur une blockchain. Ces jetons peuvent être divisés en unités plus petites, ce qui permet de représenter et d’échanger la valeur des actifs en temps réel, en toute sécurité et en toute transparence.
L’engouement des banques pour la tokenisation
Plusieurs exemples concrets témoignent de l’engouement des banques pour la tokenisation des actifs numériques. Récemment, la Deutsche Bank, la plus grande banque d’Allemagne, a soumis à la BaFin, l’autorité allemande de surveillance financière, une demande de licence pour les actifs numériques. Cette démarche vise à développer ses activités dans le domaine des actifs numériques et de la conservation selon Bloomberg. CACEIS, une filiale du Crédit Agricole, a récemment obtenu l’enregistrement en tant que PSAN (Prestataire d’Actif Numérique) en France. En outre, de nombreux travaux sont menés depuis des années déjà par la Société Générale et JPMorgan ou encore Blackrock, un mastodonte de la finance mondiale, en collaboration avec Circle, travaillent à l’utilisation du stablecoin USDC sur les marchés et à l’élargissement de la gamme de produits financiers disponibles. BNP Paribas se lance également dans les services de conservation de cryptomonnaies et a émis sa première obligation verte l’année dernière. Certaines institutions financières ont lancé des plateformes dédiées permettant aux investisseurs d’acheter, de vendre et de détenir des tokens adossés à des actifs réels. D’autres ont également commencé à explorer la tokenisation d’actifs internes, tels que des obligations ou des prêts, afin de bénéficier des avantages de cette technologie en interne.
Les banques ont rapidement compris les avantages considérables qu’offre la Finance Décentralisée (DeFI) et s’en saisissent progressivement. Voyons les principaux avantages à la tokenisation des actifs financiers.
Les avantages de la tokenisation
Plusieurs grandes institutions financières ont déjà pris des mesures concrètes pour intégrer la tokenisation des actifs numériques dans leurs activités, au regard des opportunités qu’offre la tokenisation pour un renouvellement et une optimisation de l’offre bancaire et financière. Voyons les principaux avantages à l’émergence de produits tokenisés en milieu bancaire.
Une démocratisation de l’accès aux actifs traditionnels
Traditionnellement, certains actifs étaient inaccessibles pour la plupart des investisseurs. Les chefs-d’œuvre artistiques, les propriétés immobilières haut de gamme ou les matières premières précieuses étaient réservés à une élite fortunée. Cependant, grâce à la tokenisation des actifs numériques, les banques ont ouvert la voie à une démocratisation de l’accès à ces actifs. Par exemple, une œuvre d’art de renommée mondiale peut désormais être fractionnée en tokens numériques, permettant à un grand nombre d’investisseurs de détenir une part de cette œuvre. Cela favorise une plus grande inclusivité financière et offre de nouvelles possibilités d’investissement à un public plus large.
Une liquidité accrue pour les actifs illiquides
La tokenisation des actifs numériques offre également des avantages considérables en termes de liquidité. Historiquement, les marchés tels que l’immobilier ou les investissements dans des entreprises privées étaient souvent illiquides, ce qui signifie qu’il était difficile de les acheter ou de les vendre rapidement.
Cependant, en tokenisant ces actifs, les banques ont créé des plateformes de négociation où les tokens représentant ces actifs peuvent être échangés instantanément. Cela apporte une liquidité accrue à ces marchés traditionnellement illiquides, ouvrant ainsi de nouvelles possibilités pour les investisseurs et les propriétaires d’actifs.
Prenons l’exemple de l’immobilier : l’achat et la vente de biens immobiliers ont toujours été des processus complexes et lents y compris la revente, les TRI dans les cas d’investissements en société de placement collectif (SCPI…) et la revente de parts. Cependant, en tokenisant ces actifs, il devient possible de les échanger instantanément sur des plateformes de négociation, ce qui facilite grandement la liquidité et l’efficacité du marché (ce raisonnement s’applique également aux marchés financiers qui ont des horaires de clôture et d’ouverture).
Une sécurité renforcée grâce à la blockchain
L’un des principaux atouts de la tokenisation des actifs numériques est la sécurité offerte par la technologie blockchain. Les transactions sont enregistrées de manière sécurisée et immuable sur une chaîne de blocs, réduisant ainsi considérablement les risques de “procédure” (opérationnel), de fraude et de manipulation.
Les banques ont pleinement conscience de ces avantages et ont adopté la tokenisation des actifs numériques pour offrir à leurs clients un environnement de confiance. Que ce soit pour l’achat d’œuvres d’art, de propriétés immobilières ou d’autres actifs, les transactions basées sur des tokens numériques garantissent une plus grande transparence et une sécurité accrue.
Grâce à la cryptographie avancée, les transactions sont sécurisées et immuables, ce qui réduit considérablement les risques inhérents aux banques risques de procédure, de fraude et de manipulation. Elles peuvent ainsi optimiser l’environnement de confiance offert à leurs clients pour explorer de nouvelles opportunités d’investissement.
Une révolution qui se profile à long terme
La tokenisation des actifs numériques est à l’origine d’une révolution significative dans le secteur financier, et les banques ont rapidement reconnu son potentiel. Cette technologie offre une nouvelle ère d’opportunités en augmentant l’accessibilité des actifs, en améliorant la liquidité et en renforçant la sécurité des transactions.
Cependant, il est important de noter que cette révolution ne sera pas immédiatement visible. Les institutions financières sont actuellement confrontées à des défis réglementaires et opérationnels. Le Conseil de l’Union européenne, lors de l’approbation finale du règlement MiCA, a reconnu les défis que représentent l’identification des risques futurs et la mise en œuvre d’un cadre réglementaire approprié pour les nouveaux produits financiers.
Naturellement, la commercialisation de ces produits ne peut se faire du jour au lendemain sans un cadre réglementaire bien défini. Joseph Chalom, directeur général et responsable de l’écosystème stratégique chez Blackrock, estime que cette révolution se fera sur le long terme.
“Elle (la tokenisation) contribuera de manière monumentale à façonner notre écosystème”.
“Nous allons en prison si nous ne savons pas avec qui nous commerçons ! Nous ne pouvons participer qu’à des écosystèmes bien réglementés et bien compris.”
“Il y a toujours le problème de la lutte contre le blanchiment d’argent, le problème du KYC”.
“Nous avons besoin d’une compréhension claire de qui est dans ces piscines.” a-t-il déclaré.
Affaire à suivre.