Le 24 mai 2022, Faustin-Archange Touadéra, président de la Centrafrique présente son nouveau projet : le projet Sango qui vise à bâtir une Centrafrique 2.0, tirée vers le haut par la cryptographie.
Un projet ambitieux qui a été présenté le 3 juillet tout d’abord par le président de la Centrafrique puis par Vince Méens entrepreneur néerlandais dans l’industrie et dans la blockchain, comme mentionné par le modérateur et présent à la Romania Blockchain Summit en 2019 pour sur le sujet suivant, “Blockchain- catalyseur de modèles sociaux perturbateurs”.
Par la suite, vont se succéder les autres porteurs du projet à savoir, Yanick Dols présenté comme un conférencier et un entrepreneur dans la gestion des chaînes d’approvisionnement et la durabilité dans la blockchain, Hervé Ndoba, ministre des finances en République Centrafricaine, Rufin Benam Beltoungou, ministre du minage et des ressources naturelles, Bida Koyagbele, ministre de la coordination des hautes affaires et stratégies d’investissement, Justin Gourna Zacko, ministre de l’économie numérique et des télécommunications et enfin par Jan Scheele, présenté comme un entrepreneur actif dans l’industrie de la blockchain depuis ces 8 dernières années et membre du conseil d’administration de la Blockchain Netherlands Fondation.
Lors de cette présentation, le président commence par évoquer les événements tragiques qu’à connu le pays et de pointer du doigt en particulier celui de 2012, lorsque se sont opposés le gouvernement centrafricain et les opposants « politico-militaires » regroupés au sein de la Seleka lors d’une guerre civile qui aura durée un an. Il pointe du doigt les problèmes que rencontre le pays à savoir les problèmes d’infrastructures et évoque le colonialisme, les guerres civiles et le manque d’éducation des populations qui entravent le développement du pays.
Ensuite, le président enchaîne sur la bancarisation de la population et sur le fait que 57% de la population n’est pas bancarisée, selon les chiffres donnés lors de la conférence de 2021 de l’Union économique africaine, et l’alternative à la banque traditionnelle : le smartphone.
« L’alternative à la banque traditionnelle est le smartphone, tout comme l’alternative à l’argent liquide et à la bureaucratie financière sont les cryptomonnaies »
« Le sous développement des infrastructures a fait de l’Afrique un vecteur parfait pour les cryptomonnaies. » (en référence au téléphone)
« Cette technologie est le vecteur qui permettra à l’Afrique de progresser vers une économie numérique unique »
Faustin-Archange Touadéra, président de la Centrafrique
Lors de cette conférence virtuelle qui a durée un peu moins de 2h, le président nous dévoile les raisons derrière le projet. Il évoque un projet global pour « repenser notre philosophie économique » et « des conditions de concurrence équitable pour les riches et les pauvres » permettant de mettre fin à corruption et à la discrimination.
«Refaçonner le système d’opérations et les éléments constitutifs de la société à l’échelle mondiale. La Centrafrique occupe désormais une place centrale pour mener cette révolution, par l’exemple avec le lancement du projet et l’alliance Sango » : la création de « la première économie numérique soutenue par la blockchain avec l’inclusion financière comme moteur principal » a t-il ajouté.
« Pour réimaginer comment nous pensons que le monde devrait être » « une réalité devenue accessible aujourd’hui avec un smartphone et une connexion internet »
« Pas seulement pour observer passivement ou jouer avec ces nouvelles technologies mais aussi pour participer et créer de grandes choses ensemble à une échelle sans précédent » « pour créer un monde meilleur, plus juste et plus inclusif pour nous tous »
« Avec toutes les avancées technologiques, comme internet et les applications mobiles, et des choses comme Bitcoin et le métaverse; cumulés tous ensemble, ce que nous avons à notre disposition en ce moment; nous arrivons à un point de l’histoire où vous en tant qu’individu, au lieu d’accepter passivement le monde qu’on vous a donné, vous pouvez maintenant explorer le pouvoir sans précédent que vous avez pour activement le changer »
« Le projet et l’alliance Sango portent sur l’autonomisation des populations en République centrafricaine et numériquement partout dans le monde »
« Pour co créer le schéma directeur et l’infrastructure de la façon dont un pays peut embrasser l’avenir » un système « numérique d’abord, transparent par défaut et ouvert à tous »
« Concentrant toute l’énergie sur la foncent dont le monde va être dans le futur au lieu de s’accrocher à un monde qui était avec des règles créées par d’autres »
« It’s time for actually change the game » (« Il est temps de changer réellement le jeu »)
« Créer une première crypto-économie numérique soutenue par la blockchain avec l’inclusion financière comme moteur principal. C’est le monde dans lequel je veux vivre »
Le projet Sango : une crypto-nation centralisée sur smartphone
Le projet comme il nous a été présenté est une vision à long terme et a pour objectif de faire de la RCA “le premier hub crypto légal africain reconnu par le parlement du pays qui accueille les entreprises et attire les passionnés de cryptographie du monde entier” nous explique Vince Méens et d’impulser un changement de paradigme à l’échelle mondiale.
C’est un projet de crypto État qui a pour but d’être financé par l’étranger et qui repose sur la tokenisation des matières premières du pays qui est, un des plus riches en matière première au niveau mondial. Il repose sur 3 piliers qui ont été détaillés.
1er pilier
- Un cadre de loi favorisant l’innovation et donnant le cadre propice à l’émergence de la technologie
2e pilier
- Une crypto eco zone sans taxes sur le revenu sur les sociétés pour permettre l’innovation.
- Une Identité numérique
- Une infrastructure de propriété
- La e-résidence qui offre une résidence numérique dans le pays pour les étrangers qui vont contribué au développement du pays
- La citoyenneté pour les investisseurs qui investissent (stacke)
- La construction et gestions des entreprises en ligne
- Le lancement d’une infrastructure de crowdfunding alimenté en arrière-plan par des framework de tokenisation fractionnable pour rendre accessible la possession d’un bout de terre ou une fraction
- Une cryptomonnaie : le Sango coin
- Un métaverse et des actifs numériques dans le métaverse collatéralisé par les ressources naturelles du pays qui seront extraites à l’avenir « représentant la valeur et l’accès à la fois dans le métayers et dans la vie réelle »_ Vince Méens
3e pilier
- L’application Sango avec une interface sur laquelle tous les éléments cités ci-dessus pourront être vérifiés et retrouvés par les utilisateurs.
- Une DAO
Comme présenté par Yanick Dols, le réseau sera alimenté par microgrids, des réseaux intelligents de petites tailles permettant d’alimenter des zones isolées à l’énergie verte et renouvelable. Cette technologie est parfaitement adaptée pour des régions ayant peu d’infrastructures électriques comme la Centrafrique car la transition vers ce modèle d’alimentation représente un coût non négligeable.
« Pour résumer, la République centrafricaine, avec son crypto hub Sango, créera toutes les bonnes conditions pour une économie numérique d’abord respectueuse de la cryptographie, soutenu par un pays immense, où le gouvernement est le plus grand propriétaire de terrains, prêt à faire participer des capitaux étrangers à la fois développer, vivre, travailler et puiser dans la richesse des ressources naturelles de manière démocratique avec ses habitants et ses citoyens pour accélérer ensemble un avenir radieux ».
À l’instar de Bitcoin City, ce grand chantier nous est présenté à la manière d’un projet start-up ayant la volonté de lever des fonds étrangers, ce qui tranche avec ce qui se pratique habituellement pour lever des fonds pour un projet d’État. Même si le projet paraît bien penser, il reste encore à préciser, le white paper n’est pas encore disponible. Par ailleurs, des zones d’ombres planent toujours sur le projet. En effet, le président de la Centrafrique fait l’objet de nombreuses controverses concernant l’adoption du Bitcoin et les liens qu’entretient le pays avec la Russie, un pays aujourd’hui sous le coup des sanctions économiques internationales, et prêt à tout pour s’en défaire. Par ailleurs, la modification de la constitution afin de briguer un troisième mandat et son implication supposée dans l’affaire Liyeplimal, sans doute, l’une des plus grandes arnaques crypto jamais orchestrée, ne joue pas en sa faveur sur la scène internationale. Affaire à suivre.